Un bref historique de la propriŽtŽ intellectuelle du
protocole Internet
Par Anthony Rutkowski,
Directeur, Netmagic Associates LLC
15 avril 2020
Traduction franaise : ARCSI,
avec l'autorisation de l'auteur.
Anthony Rutkowski, Netmagic
Associates a jouŽ un r™le important dans de nombreux organismes internationaux
de cybersŽcuritŽ qui dŽveloppent des normes internationales et des rgles
juridiques depuis de nombreuses annŽes.
Anthony est membre de l'ARCSI.
N.B. L'auteur
est l'ancien directeur exŽcutif de l'Internet Society qui a proposŽ la
stratŽgie de l'IETF en matire de propriŽtŽ intellectuelle (IPR) et il n'avait
jamais prŽvu qu'elle serait utilisŽe 25 ans plus tard pour Žtouffer la
concurrence en matire de Protocole Internet (IP).
Il y a un peu plus de 25 ans,
l'Internet Society (ISOC) a proposŽ
de prendre la responsabilitŽ des droits de propriŽtŽ intellectuelle (DPI ou
IPR) des spŽcifications du protocole Internet DARPA (IP) qui Žtaient dŽveloppŽs
par l'Internet Engineering Task Force
(IETF) pour faciliter leur utilisation par les principaux organes et
fournisseurs de normalisation de communication du rŽseau. La semaine dernire,
l'IETF, dans une
tentative pour repousser des
protocoles Internet alternatifs qui apparaissent dans l'Žcosystme de
la tŽlŽphonie 5G et pour crŽer ainsi un monopole concernant ces normes, a
affirmŽ qu'il " maintient le
copyright -distinct du droit d'auteur- et le contr™le sur les changements des
spŽcifications IP [, et que] les extensions ou modifications des technologies
IETF doivent tre discutŽs avec l'IETF avant d'ŽtŽ reprise par d'autres
organismes de normalisations (SDO)
" Vraiment?
Cet article dŽcrit quelques
aspects de l'historique et des prŽoccupations associŽes avec cette dŽclaration
de l'IETF.
Les origines
Du point de vue de la propriŽtŽ
intellectuelle, le concept de base d'un protocole Internet comme un moyen pour
effectuer des communications entre rŽseaux sans connexion, par datagrammes et
par paquets, appartient clairement ˆ Louis Pouzin, qui a
mis en Ïuvre le premier vŽritable Internet connu sous le nom de CYCLADES en utilisant un protocole appelŽ CIGALE. Le projet a
ŽtŽ lancŽ en 1971. Il n'apparait pas que ni Pouzin ni l'organisme qui
l'hŽbergeait, l'Institut de Recherche
d'lnformatique et d'Automatique (IRIA) ait revendiquŽ une propriŽtŽ
intellectuelle - ils ont publiŽ les dŽtails du projet ˆ l'OTAN et dans d'autres
rŽunions.
Le travail rŽvolutionnaire de Pouzin a
par la suite dŽbouchŽ sur de multiples initiatives similaires de type Internet
entreprises par des organismes gouvernementaux et des centres de recherche
d'entreprises. Aux ƒtats-Unis, la plus importante initiative Internet a ŽtŽ
entreprise en 1976 par le National Communications System (NCS), celle-ci
Žtant une organisation qui fŽdŽrait 23 agences fŽdŽrales diffŽrentes relevant
du National Security Council. Le NCS
a par la suite consacrŽ des ressources considŽrables aux entrepreneurs, en
grande partie du secteur privŽ, sur la base des travaux de Pouzin qui se
poursuivaient dans de multiples comitŽs au sein du CCITT (aujourd'hui l'UIT-T) et
des organismes de normalisation ISO/IEC JTC 1, et ceci est soulignŽ par le
rapport du NCS de juin 1980 qui confiait au gouvernement fŽdŽral le travial sur
les protocoles Internet OSI. Tous ces travaux sur le protocole Internet ont ŽtŽ
rŽalisŽs conformŽment aux efforts du gouvernement des ƒtats-Unis en
collaboration avec des partenaires gouvernementaux dans d'autres pays. Il n'est
pas clair que l'une des parties ait tentŽ de faire valoir des droits de
propriŽtŽ intellectuelle sur l'un quelconque de ces rŽsultats - qui auraient
ŽtŽ ainsi exclus par l'engagement du gouvernement des ƒtats-Unis.
Le travail de Pouzin a Žgalement
abouti ˆ une initiative entreprise par l'organisation de recherche de la
dŽfense des ƒtats-Unis (DOD/DARPA) pour dŽvelopper un protocole similaire qui a
ŽtŽ publiŽ en 1974 comme " un
protocole de rŽseau pour la
communication par paquets et parfois appelŽ " programme de contr™le de transmission
Internet ", protocole de
" transmission interrŽseau
" et " protocole d'h™te ˆ h™te
". En 1979, il a ŽtŽ appelŽ le protocole de message Internet IMP, puis en
1980 le " protocole Internet standard du DOD
". Les spŽcifications ont ŽtŽ ŽlaborŽes par des chercheurs financŽs par la
DARPA et publiŽes par un autre contractant - le Network
Information Center de SRI International.
Une collection complte des spŽcifications a ŽtŽ publiŽe en 1982 par le SRI
conformŽment ˆ un mŽmorandum de la mme annŽe du sous-secrŽtaire ˆ la dŽfense
pour la recherche et l'ingŽnierie concernant la " politique du DOD sur la normalisation des protocoles d'h™te ˆ h™te pour les rŽseaux de communication de
donnŽes ". Les normes Žtaient compltement " ouvertes " ˆ toute personne et aucune revendication de
propriŽtŽ intellectuelle n'avait ŽtŽ invoquŽe.
Au dŽbut des annŽes 1980, un
consortium de banques a Žgalement crŽŽ Internet Inc. pour dŽvelopper un
protocole Internet propriŽtaire pour exploiter un rŽseau entre les
distributeurs automatiques de billets (ATM). En juillet 1984, elle commercialisait
"des services de communication", ˆ savoir fournir des services de
transmission de donnŽes Žlectroniques dans le domaine des services bancaires
Žlectroniques et de la vente au dŽtail" et ce consortium revendiquait un
droit de propriŽtŽ intellectuelle par le biais de sa marque
"Internet", qui Žtait enregistrŽe auprs l'office des brevets et des
marques des ƒtats-Unis (U.S. Patent and Trademark Office). Voir, par exemple,
le numŽro de sŽrie 74374587.
Au milieu des annŽes 80, le
travail du NCS sur OSI Internet a ŽtŽ considŽrablement Žtendu gr‰ce ˆ plusieurs
initiatives majeures. L'une Žtait l'engagement de la National Security Agency (NSA) et la constitution d'un programme
majeur connu sous le nom de SDNS [ SECURE
DATA NETWORK SYSTEM ]qui fut annoncŽ publiquement en 1987
ˆ la National Computer Security Conference [ p153 (159/397 pages]. En
1986, certains des principaux ingŽnieurs de NCS ont crŽŽ un consortium
international de R&D ˆ but non lucratif connu sous le nom de Corporation for Open
Systems (COS) pour dŽvelopper davantage les suites OSI Internet
Protocol. La troisime initiative dŽcoule d'une directive du ministre de la dŽfense
des ƒtats-Unis (DOD) ˆ la Defense Communications Agency concernant les
protocoles Internet qui est devenue la base des normes
du gouvernement sur les profils OSI (GOSIP). Aucune revendication de
propriŽtŽ intellectuelle n'a ŽtŽ faite et toutes les normes du protocole
Internet Žtaient ouvertes et librement accessibles.
Les normes GOSIP ont ensuite ŽtŽ
introduites dans le CCITT (ComitŽ consultatif international tŽlŽphonique et
tŽlŽgraphique, devenu depuis l'UIT-T) et l'ISO, o l'ensemble de
ces normes, y compris celles qui sont relatives ˆ la sŽcuritŽ des
rŽseaux et ˆ la gestion des identitŽs, existent Žgalement aujourd'hui en tant
que normes publiques ouvertes exemptes de toute revendication de propriŽtŽ
intellectuelle. Le protocole Internet OSI a ŽtŽ dŽsignŽ CLNP (Connectionless Network Protocol)
et le manuel
des systmes Internet largement rŽfŽrencŽ dŽcrit les caractŽristiques
et l'interopŽrabilitŽ des deux plateformes de protocole Internet.
Ë partir de 1986, Al Gore a
prŽsentŽ une sŽrie
de projets de loi qui ont finalement rendu 2,473 milliards de dollars
disponibles pour un rŽseau
national de recherche et d'enseignement (NREN National Research and
Educational Network) et le dŽveloppement d'applications, y compris le
financement d'activitŽs de normalisation - en grande partie par le biais de la
National Science Foundation (NSF). Une partie des fonds a ŽtŽ utilisŽe pour
formaliser l'activitŽ de la DARPA sur les normes Internet, y compris un groupe informel
de contributeurs qui a ŽtŽ nommŽ Internet
Engineering Task Force (IETF). Il a Žgalement publiŽ du matŽriel provenant
de l'activitŽ Internet NCS OSI et a tentŽ de faire progresser toutes les divers
ensembles de protocoles Internet. Les spŽcifications
ont ŽtŽ facilitŽes par un secrŽtariat permanent de l'IETF confiŽ par la
NSF ˆ la Corporation for National
Research Initiatives (CNRI) qui avait ŽtŽ active dans le dŽveloppement
Internet de la DARPA. Il a publiŽ les spŽcifications sans aucune rŽclamation de
propriŽtŽ intellectuelle.
La toute-fin des annŽes 80 et le
dŽbut annŽes 90 ont vu une diffusion croissante des internets dans le monde,
facilitŽe par deux Žvolutions juridiques internationales majeures. Le traitŽ
de Melbourne de 1988 a permis la disponibilitŽ des lignes louŽes
utilisŽes et a traitŽ les problmes
extraterritoriaux de cybersŽcuritŽ.
L'Accord
AGCS (GATS) de l'OMC a
servi de co-catalyseur complŽmentaire en ouvrant au niveau mondial les marchŽs
nationaux ˆ l'Žchelle mondiale.
Pendant plusieurs annŽes, les
plateformes OSI et DARPA Internet Protocol se sont affrontŽes et une tentative
de les unifier en 1992 a ŽchouŽ. Un basculement ultŽrieur de l'Žquation
vers l'Internet DARPA s'est produit par le biais de quatre dŽveloppements
importants. L'un Žtait l'Žlection d'Al Gore comme vice-prŽsident et son soutien explicite de l'Internet
DARPA. Un deuxime a consistŽ en le dŽveloppement d'applications et la
construction du NREN financŽ par les 2,473 milliards de dollars, qui rendent
tout disponible gratuitement et ont suscitŽ de nouvelles innovations fournies
par les communautŽs acadŽmiques. Le troisime a ŽtŽ la crŽation de l'Internet
Society en tant qu'organisation de promotion Internet DARPA pour le NREN par
les principales parties impliquŽes dans son dŽveloppement. Le quatrime fut la commercialisation
massive des noms et adresses Internet DARPA pour crŽer une industrie de
milliards de dollars fonctionnant ˆ 95% de marges brutes.
Les annŽes 90-Transitions IETF IPR
Comme l'IETF a insistŽ pour rester
une entitŽ non juridique, le directeur
exŽcutif de l'Internet Society a tentŽ en 1994 d'acquŽrir les droits de
propriŽtŽ intellectuelle des spŽcifications de l'IETF et ˆ servir de
reprŽsentant de l'IETF afin de favoriser leur acceptation par d'autres
organisations de production de normes. et par l'industrie. L'UIT, en
particulier, a ŽtŽ convaincue d'accorder des droits d'adhŽsion gratuits ˆ
l'ISOC - en lui faisant
valoir que les normes de l'IETF Žtaient ouvertement disponibles sans droits de
propriŽtŽ intellectuelle et pouvaient tre facilement utilisŽes au sein de
l'UIT-T et d'autres organisme de normalisation (SDO).
Trois ans plus tard, ˆ
partir d'octobre 1997, l'Internet Society a commencŽ ˆ revendiquer les droits
de propriŽtŽ intellectuelle pour les spŽcifications de l'IETF sous la forme d'une note de
copyright, mais leur permettant de rester pleinement ouverts sans
contraintes de droits (DPI), y compris pour les utilisations dŽrivŽes des
normes.
L'annŽe 1999 fut particulirement
remarquable dans l'historique des droit de propriŽtŽ intellectuelle (DPI) sur
Internet - elle marquait la fin
d'une bataille juridique de prs de dix ans avec Internet, Inc.,
concernant l'utilisation du terme de marque dŽposŽe "Internet" par
l'Internet Society et le CNRI. En juillet 1999, dans une audience devant la
Commission d'instance et d'appel du Bureau des brevets et des marques des
ƒtats-Unis, les parties sont parvenues ˆ un rglement sur toutes les versions
de l'utilisation du terme ÇInternetÈ. Ils Žtaient tenus de reconna”tre que le
terme Žtait "gŽnŽrique" et qu'il reprŽsentait "un systme
d'information mondial vaste et en pleine croissance ... qui est utilisŽ par les
organismes gouvernementaux, les communautŽs, les organisations commerciales,
les associations professionnelles et les particuliers pour des services
commerciaux et non commerciaux. " En d'autres termes, y compris Internet
Inc., l'ISOC, le CNRI et leurs ayants-droit, personne
ne pouvait revendiquer les expressions "Internet" ou ses variantes
comme leur propriŽtŽ sur le marchŽ des communications rŽseau.
AnnŽes 2000 - ƒmergence d'une concurrence de
protocoles Internet et d'un activisme politique
Alors que le nouveau sicle
commenait, des initiatives concurrentes de protocole Internet ont commencŽ ˆ
voir le jour dans de nombreux organismes de normalisation mondiaux Žtablis - en
particulier pour poursuivre le marchŽ croissant de la tŽlŽphonie vocale sur IP.
Le premier Žtait ETSI, qui a commencŽ ses efforts pour un nouveau groupe de
normes en 2001 connu sous le nom de TISPAN (Telecommunications and Internet converged
Services and Protocols for Advanced Networking = tŽlŽcommunications et
services convergents Internet et protocoles pour les rŽseaux avancŽs). Il a
cherchŽ ˆ faire Žvoluer la plateforme du protocole Internet de manire
innovante pour rŽpondre aux besoins des infrastructures publiques et aux
obligations de conformitŽ sous la forme de rŽseaux de prochaine gŽnŽration
(NGN). Une grande partie de ce travail a Žgalement ŽtŽ transfŽrŽe dans le
travail 3GPP en tant que IMS (IP
Multimedia Subsystem).
L'UIT-T a Žgalement lancŽ une
initiative de rŽseaux de nouvelle gŽnŽration en 2001 dans une commission d'Žtudes
13 spŽcifique (rŽseaux multiprotocoles et basŽs sur IP et leur
interrŽseautage). Elle visait ˆ promouvoir l'utilisation du protocole Internet
dans les infrastructures publiques gr‰ce ˆ un Žventail d'innovations parmi de
multiples groupes UIT-T, y compris des protocoles
optiques IP.
En plus de la menace de la
concurrence de normes du protocole Internet par d'autres organismes de
normalisation (SDO) au cours de cette pŽriode, un activisme politique important
a ŽmergŽ parmi de nombreux participants de l'IETF et de l'Internet Society, ce
qui a nui ˆ sa capacitŽ d'tre un organisme de normalisation inclusif. Cet
activisme a commencŽ en 1999 avec la crŽation de la liste de diffusion Raven
qui, aprs 790 messages chargŽs d'Žmotions au cours des six mois suivants, a
donnŽ lieu ˆ une politique
interdisant le travail de soutien aux forces de l'ordre gouvernementales
en mai 2000. La portŽe de l'interdiction a ŽtŽ Žlargie en juillet 2003 pour
inclure un large Žventail de ÇconsidŽrations
de sŽcuritŽÈ. En juillet 2004, l'interdiction a ŽtŽ considŽrablement
Žlargie pour inclure un large
Žventail d'opinions politiques sur sa mission, notamment des opinions
fondamentales sur l'architecture de rŽseau - qui dŽclarent que l'IETF n'est pas
Çneutre en ce qui concerne les valeursÈ. Une dŽcennie plus tard, l'orthodoxie
de l'IETF et les interdictions de travail jugŽes hŽrŽtiques ont ŽtŽ considŽrablement Žtendues pour
exclure un Žventail d'exigences lŽgales et de gestion de rŽseau.
Du point de vue de la
propriŽtŽ intellectuelle, le vaste activisme politique de l'IETF a considŽrablement
diminuŽ la valeur de son travail sur le protocole Internet. Sans modification
substantielle de ses spŽcifications de protocole Internet - ce que l'IETF
elle-mme n'Žtait pas disposŽe ˆ entreprendre parce qu'elle allait ˆ l'encontre
de ses propres interdictions - les spŽcifications Žtaient souvent inutilisables sur le marchŽ.
En consŽquence, les spŽcifications de propriŽtŽ intellectuelle alternatives
sont devenues de plus en plus recherchŽes par l'industrie dans d'autres
organismes de normalisation, bien qu'un effort ait ŽtŽ ironiquement entrepris une fois en octobre 2004 ˆ
l'IETF lui-mme mais pour " information
uniquement " avec de nombreuses expressions de dŽdain.
Les aventures politiques de
plus en plus engagŽes de l'IETF ont pris un nouveau tournant significatif en fŽvrier
2004 avec la SociŽtŽ (?) affirmant
la pleine propriŽtŽ des DPI sur les spŽcifications de l'IETF via un
copyright ˆ la fin de chaque document publiŽ copyright qui contenait des
restrictions de grande envergure sur l'ouverture des normes IETF via les
documents BCP 78 et BCP 79. L'utilisation de cet
appareil a permis ˆ l'IETF de tenter d'obtenir une autoritŽ absolue de contr™le
des modifications sur tous les (IPR) expressions de droits du protocole
Internet - y compris le travail effectuŽ dans d'autres organismes de
normalisation de l'industrie. Un mŽcanisme potentiel supplŽmentaire de
contr™le, - les "ProcŽdures pour les extensions et
variantes de protocoles" qui ont mis en Ïuvre des processus vagues
et cožteux - a ŽtŽ introduit en dŽcembre 2006 et a permis ˆ quelques militants
politiques ou acteurs du marchŽ de l'IETF d'empcher efficacement tout ce
qu'ils dŽtestaient.
L'IETF, en effet, a exigŽ que tout
le monde, y compris les autres organismes de normalisation (SDO), se conforme ˆ
l'ŽnoncŽ de mission de l'IETF (Mission Statement), aux opinions politiques et ˆ
l'interdiction des protocoles Internet ou dŽrivŽs non conformes. Le rŽsultat a
ŽtŽ un moyen de contr™le exclusif potentiel sur l'ensemble du marchŽ mondial
des protocoles Internet et des implŽmentations. Les tentatives pour exercer ce contr™le
du marchŽ ont commencŽ par des
liaisons sortantes liŽes aux droits intellectuels (IPR) avec d'autres organismes de
normalisation (SDO) qui ont augmentŽ de faon spectaculaire aprs 2006,
passant d'une poignŽe seulement les annŽes prŽcŽdentes ˆ 34 en 2007, 75 en
2009, 89 en 2011. L'IETF au cours des vingt dernires annŽes a dirigŽ une quantitŽ
incroyable de 243 dŽclarations de liaison ˆ la Commission d'Žtudes 15 de
l'UIT-T concernant ses travaux sur les protocoles de transport et d'accs.
Un des exemples les plus
notables de ce contr™le du marchŽ des protocoles Internet par l'IETF s'est
produit dans cette pŽriode. Le regrettŽ leader lŽgendaire d'Internet, Larry Roberts,
a commencŽ ˆ construire un nouveau protocole Internet sŽcurisŽ et plus
rŽsistant, appelŽ protocole
IP Flow State Aware (FSA) avec le soutien d'un financement du ministre
de la dŽfense (DOD). Il a repris l'adoption du protocole initialement conu par
France Telecom avec les Martlesham Labs de BT ˆ l'UIT-T ˆ partir de 2006 -
comme il l'avait fait avec succs plus de trente ans plus t™t pour le protocole de
paquet X.25 afin de crŽer le marchŽ mondial des rŽseaux de donnŽes par
paquets. Le nouveau protocole Internet a finalement ŽtŽ publiŽ sous la forme d'une recommandation UIT-T
Q.3313, Protocoles et procŽdures de signalisation relatifs ˆ la commande de QoS
sensible ˆ l'Žtat de flux dans un sous-rŽseau bornŽ d'un rŽseau de la
gŽnŽration suivante, et UIT-T
Y.2121, Exigences pour la prise en charge de la technologie de transport
sensible au flux dans NGN.
En octobre 2006, l'IETF a commencŽ ˆ affirmer
son contr™le en dŽclarant que le nouveau protocole Internet de Roberts
constituait Ç des changements importants
et fondamentaux ˆ l'architecture Internet et ˆ plusieurs de ses protocoles et
mŽcanismes de base È, et que le travail reprŽsentait des Ç extensions des protocoles IETF proposŽes en
dehors de l'IETF", "que la nouvelle procŽdure d'approbation Žtait
applicable, et a recommandŽ que le travail soit portŽ ˆ l'IETF. Le dialogue a
progressŽ avec davantage de fermetŽ de l'IETF. Aprs prs de deux ans, en mai
2008, l'IETF a insistŽ fortement pour poursuivre une plŽthore d'actions de
l'IETF en raison de " une trs forte
probabilitŽ d'tre transmis [sic] sur l'Internet gŽnŽral [et] le dŽveloppement
d'une telle fonctionnalitŽ, par consŽquent, doit nÕavoir aucun impact nŽgatif
sur les protocoles existants dÕh™te terminal et dÕinfrastructure de rŽseau
". Aprs dix Žchanges
aller-retour pendant trois annŽes supplŽmentaires, en juin 2011, l'UIT-T a dŽclarŽ ˆ la
direction de l'IETF que l'affaire Žtait close et que les nouvelles
normes de protocole Internet seraient adoptŽes. Une tentative
infructueuse d'obtenir un Çpoint de codeÈ pour le protocole de l'IETF a
Žgalement ŽtŽ faite - ce qui est un mŽcanisme connexe pour effectuer le
contr™le sur le marchŽ du protocole Internet. Quelques jours avant son dŽcs en
dŽcembre 2018, le Dr Roberts prŽvoyait que son nouveau protocole Internet FSA
pourrait enfin tre utilisŽ dans les instances virtuelles de l'infrastructure
5G.
Les nouvelles pratiques en matire
de propriŽtŽ intellectuelle (IPR) ont Žgalement conduit en 2014 ˆ une affaire
antitrust fŽdŽrale trs mŽdiatisŽe devant le tribunal de district des
ƒtats-Unis attaquant l'IETF et plusieurs de ses principales sociŽtŽs
participantes. Les deux plaignants dans l'affaire ont allŽguŽ des actes
rŽprŽhensibles dans l'acquisition et la disposition de leurs droits
intellectuels (IPR) par le biais de l'IETF. Aprs plus de 200 plaidoiries et
deux annŽes de litige - dans
lesquelles les plaignants sans avocats faisaient face ˆ 25 avocats qualifiŽs -
la plainte a ŽtŽ rejetŽe pour des raisons
techniques sans jamais atteindre le fond. Le demandeur a dŽcrit
l'IETF comme "un ƒtat voyou" ainsi que les effets du BCP 78
et du BCP 79 comme anticoncurrentiels, notant
que " Tous les utilisateurs des rŽseaux TCP / IP
sont liŽs aux normes IETF et ˆ leurs dispositions en matire de copyright et
d'utilisation. La norme IETF moyenne est estimŽe entre quatre et dix millions
de dollars US en termes de cožt ˆ obtenir et d'une valeur incalculable dans le
cadre de la commercialisation d'un rŽseau. basŽ sur le service ou la vente de
composants pour un nouvel ensemble de fonctionnalitŽs ou un service rŽseau basŽ
sur celui-ci. Cela signifie que la valeur de base de la norme se situe
Žgalement entre quatre et dix millions de dollars Žgalement. "
Les annŽes 2020
Une rŽvolution dans la
technologie de communication en rŽseau est en cours aujourd'hui et est centrŽe
sur les plateformes de virtualisation 5G et les spŽcifications
dŽveloppŽes par 3GPP et ses nombreux partenaires en normalisation
(SDO). Cette rŽvolution repose sur les nouvelles normes 3GPP qui permettent
l'instanciation des architectures virtuelles ˆ la demande et des protocoles
rŽseau / transport. La plupart des organismes de normalisations (SDO) dans le
domaine du rŽseau tentent aujourd'hui de rŽpondre ˆ la demande du marchŽ qui en
rŽsulte en
explorant et en spŽcifiant de nouveaux protocoles Internet - en collaboration avec des groupes
de discussion, des confŽrences
de communautŽs professionnelles et des efforts de R&D du secteur
privŽ. Il existe Žgalement des milliers de rapports
scientifiques et de brevets.
La rŽponse de l'IETF ˆ ces
dŽveloppements est consternante - elle affirme que son propre travail et les
normes de protocole Internet hŽritŽes suffisent ˆ elles seules - comme indiquŽ
dans son rŽcent
document de liaison. Plus troublant, cependant, est l'affirmation
arrogante et intenable de l'IETF qui a le contr™le exclusif des " protocoles Internet " et que "
tous les organismes de normalisation
(SDO) " doivent se conformer ˆ ses exigences institutionnelles
fondŽessur des revendications creuses de droits intellectuels (IPR).
Il n'y a pas de marque
dŽposŽe du terme Internet sur le
marchŽ, et l'ISOC / IETF est explicitement empchŽ de l'affirmer. Un examen de
l'historique de ces droits (IPR) pour les protocoles Internet montre clairement
l'existence de nombreux internets et protocoles Internet depuis prs de cinq
dŽcennies depuis que Pouzin a articulŽ la premire " expression originale " de la plateforme et du protocole. La
provenance de toutes les spŽcifications et implŽmentations en cours de route
dŽpendait de centaines de personnes et d'organisations qui leur ont apportŽ
leur propriŽtŽ intellectuelle. Il s'agissait de la fusion ultime d'une Žquipe
mondiale d'expression crŽative entre des personnes et des projets capturŽs dans
des dŽtails exquis dans une cŽlbre affiche de 1992 Internet Protocol. Quels
que soient les droits intellectuels (IPR) existant dans toute spŽcification du
protocole Internet SDO, ils sont si gŽnŽriques, publics, diluŽs et diffus qu'il
serait pratiquement impossible d'en trier les composants et les sources de
toute Ç expression originale È du
droit d'auteur.
Les protocoles
Internet et leurs mises en Ïuvre ont ŽtŽ marquŽs par leur diversitŽ, leur concurrence
et leur Žvolution qui s'appuie sur un partage ouvert des droits (IPR). L'IETF
fait du bon travail, mais il en va de mme pour d'autres organismes de
normalisation (SDO). De plus, toutes les entreprises, organisations et pays du
monde ne partagent pas les vues ou la mission socio-politiques de l'IETF, ni ne
souhaitent se conformer ˆ ses processus tortueux et souvent litigieux qui
manquent gŽnŽralement de transparence et favorisent ceux qui s'y engagent. Le
traitement Žpouvantable de Larry Roberts et son protocole Internet FSA reste un
avertissement aux innovateurs de se mŽfier de s'engager avec l'IETF.
L'adhŽsion de l'IETF ˆ ses
missions socio-politiques a crŽŽ une monoculture intolŽrante de personnes ayant
des opinions semblables, ce qui diminue sa pertinence en tant qu'organisme de
normalisation (SDO) fonctionnel sur le marchŽ mondial des normes. Aujourd'hui,
aucune organisation ne peut dŽclarer qu'elle est le "Synode Internet"
dŽterminant les principes de foi dans un seul vrai Internet ou vrai protocole
Internet et que tous les autres organismes de normalisation SDO doivent
s'agenouiller devant lui. La loi sur le partage ouvert des droits (IPR).ne le
soutient pas; et le droit de la concurrence l'empche. Une concurrence libre et
vigoureuse dans le dŽveloppement de nouveaux protocoles Internet, services,
sŽcuritŽ et implŽmentations sera essentielle au succs des organismes de normalisation,
des entreprises et des pays. C'est la direction que tout le monde doit suivre.